Celles qui reviennent le plus souvent sont les deux premières middoth (« règles ») de Hillel († 10 ap. J.C.) : le qal wa-homer et la gezerah shawah. Elles correspondent grosso modo à l’argument a fortiori et à l’argument par analogie.
Un trait particulier est que l’argument porte souvent sur le sens d’un seul mot. Ce sens est établi grâce à son occurrence dans un certain contexte et il est ensuite appliqué à un autre contexte.
Dans le midrash rabbinique, les rabbins citent des opinions divergentes provenant de diverses autorités, de sorte qu’on a affaire à une technique d’argumentation. Dans le Nouveau Testament, l’autorité de Jésus, invoquée directement ou par l’intermédiaire de l’apôtre ou de la tradition apostolique (le kérygme), est décisive.
Paul a fréquemment recours à ces techniques, spécialement dans des discussions visant les positions d’adversaires juifs, qu’ils soient chrétiens ou non. Souvent, il s’en sert pour combattre des positions traditionnelles dans le judaïsme ou pour étayer des points importants de sa propre doctrine.
Des argumentations rabbiniques se rencontrent également dans la Lettre aux Éphésiens (4, 8-9) et dans la Lettre aux Hébreux. La Lettre de Jude, pour sa part, est presque entièrement formée par des explications exégétiques semblables aux pesharim (« interprétations ») trouvés dans les rouleaux de Qumran et certains écrits apocalyptiques. Elle utilise des figures et des exemples ainsi qu’une structure par enchaînement verbal, tout ceci en conformité avec la tradition juive d’exégèse scripturaire.
Une autre forme particulière d’exégèse juive utilisée par les auteurs du Nouveau Testament est celle de l’homélie prononcée à la synagogue. Selon Jn 6, 59, le discours sur le Pain de la Vie fut prononcé par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. Une analyse minutieuse sur la base d’une comparaison avec les témoignages anciens d’ « homélies synagogales » met en évidence que la forme de ce discours correspond de près à celle des homélies synagogales du Ier siècle : explication d’un texte du Pentateuque avec l’appui d’un texte des prophètes (la « haphtarah ») ; chaque expression du texte est expliquée ; de légers ajustements de la forme des mots sont effectués pour les adapter à la nouvelle interprétation. Des traces du même modèle se trouvent peut-être également dans l’un ou l’autre des discours missionnaires dans les Actes des Apôtres, spécialement dans le sermon synagogal de Paul à Antioche de Pisidie (Ac 13, 17-41).
Le raisonnement consiste à dégager à partir d’une citation de l’Écriture une vérité a fortiori – voir Rm 5, 15.17 et 2 Co 3, 7-11.
On trouve le qal wa-homer en Mt 6, 30 ; 7, 11 ; Jn 7, 23 ; 10, 34-36 ; Rm 5, 15.17 ; 2 Co 3, 7-11.
L’expression signifie littéralement : "analogie verbale” ou : "equal category".
Définition courante (empruntée à Richard Longnecker) : la règle de la gezerah shawah consiste à rapprocher deux textes scripturaires présentant une analogie verbale ou un parallélisme dans l’utilisation d’au moins un terme de part et d’autre de sorte que les mêmes considérations puissent s’appliquer à l’un et à l’autre textes.
On trouve la gezerah shawah en Mt 12, 1-4 ; Ac 2, 25-28 ; Rm 4, 1-12 ; Ga 3, 10-14 ; Hb 1,13 & 2,8 ; 4,3 & 4,4 ; 5,5 & 5,6 ; 6,20 & 7,1.10 ; 10,6-7 & 10,37-38.
Le célèbre commentaire midrashique Genèse Rabba commente ainsi Gn 1, 3 : « L’ouverture de ta bouche fut lumière pour nous » (III, § 1).
Dans la bibliothèque de Qumran, ce type de commentaire est courant pour appliquer à la communauté de l’Alliance le sens des passages scripturaires. Ce type de commentaire est appelé : pesher.
« Herméneutique analogique » : on fusionne implicitement deux expressions bibliques. 2 Co 4, 5-6 fusionne Gn 1, 3 (« De la ténèbre, la lumière brillera ») et Is 9, 1 (« Lui qui a brillé dans vos cœurs »).
On reproche à ces modes d’interprétation du texte biblique d’être arbitraires. On leur reproche particulièrement d’interpréter un texte bref (quelques mots) complètement en dehors de son contexte. C’est sans doute vrai à nos yeux modernes. Pourtant, cela ne faisait aucun problème à l’époque de Paul et plus tard. Pourquoi ? Parce que la lecture biblique se faisait chez les rabbins selon un accord tacite profondément ancré dans leur comportement : elle était fondée sur un double fondement théologique indiscutable : tout texte biblique est inspiré par Dieu et la Torah interprétée en conformité avec la tradition des Anciens est le critère ultime et fédérateur de tout commentaire.