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Biblissimo

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Vous trouverez ici des documents visant à une meilleure connaissance de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Ils représentent le fruit de recherches personnelles. Je les mets à votre disposition en vous demandant de respecter les droits d'auteur. Bon travail!


Le disciple bien-aimé de Jésus "couché contre Jésus". Analyse exégétique

Publié par Biblissimo sur 2 Mai 2020, 08:34am

Catégories : #Evangile et Lettres de Jean, #Disciple bien-aimé

Lors du dernier repas de Jésus avec ses disciples, la veille de sa mort, à un moment particulièrement dramatique puisqu’il s’agissait de l’annonce du traître, l’évangile de Jean décrit la position surprenante de l’un des Douze ainsi :

« Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, était allongé sur le sein de Jésus – anakeimenos en tôi kolpôi » (Jn 13, 23).

Comment comprendre cette expression ?

Tout d'abord, on sait que le disciple était « couché » ou « allongé » car les convives étaient allongés sur des couches placées autour d’un espace central où étaient déposés les plats, chacun tendant le bras droit pour se servir. Ce n’était pas nécessairement une table.

Ensuite, le terme grec kolpos traduit couramment l’hébreu ḥeiq.

La meilleure manière de comprendre ce passage est de chercher le sens que la tradition biblique et juive donnait au deux termes ḥeiq et kolpos dans des situations analogues. En voici un échantillon représentatif.

En Dt 13, 7, Moïse avertit les Israélites de ne pas écouter ceux qui les inviteraient à rendre un culte à des dieux étrangers, y compris « la femme sur ton sein – en tôi kolpôi sou » (voir aussi Dt 28, 54, où l’image est inversée, la femme regardant « l’homme de son ḥeiq = dans son kolpos »). Sara a donné sa servante (paidiskè) sur le kolpos d’Abraham, d’où elle est devenue enceinte (Gn 16, 5). La nourrice porte le nourrisson sur son ḥeiq = kolpos (Nb 11, 12). Le berger attentionné porte l’agneau sur son ḥeiq (Is 40, 11). La brebis « couchait sur son ḥeiq = kolpos » (2 Sm 12, 3). La betûlah couchera sur le ḥeiq du vieux David et le réchauffera (1 R 1, 2). En Mi 7, 5, il faut se garder de celle qui est allongée, couchée (śkb) sur le ḥeiq. On embrasse (au sens premier de "prendre dans les bras") le ḥeiq d’une femme (Prov 5, 20).

En Ps 74, 11, le psalmiste reproche à Dieu de retenir sa main droite dans l’intérieur de son ḥeiq.

Ni ḥeiq ni kolpos ne sont spécifiquement féminins. Ils ne désignent pas une partie spécifiquement sexuelle mais une zone du corps.

 

Conclusion : le disciple bien-aimé est allongé tout contre le « flanc » ou les « hanches » de Jésus.

 

N.B. 1 : L’instant d’après (13, 25), le disciple bien-aimé pose la tête sur la poitrine (stèthos) de Jésus pour lui demander l’identification du traître ; du fait de cette position extrêmement rapprochée de Jésus, il sera alors le seul à saisir que par le geste Jésus désignait Judas l’Iscariote. Ce geste est troublant ; il semble inconvenant. On invoque la jeunesse du disciple bien-aimé – projection sans fondement textuel. Autre hypothèse, quittant la dimension historique, relevant du procédé midrashique : par ce geste, le disciple bien-aimé indique que Jésus portait (symboliquement) le pectoral, placé, comme son nom l’indique sur le sthètos, la poitrine du grand prêtre, notamment en tant que symbole du jugement divin à l’égard des douze tribus. Voir Ex 28, 29-30 Lxx.

N.B. 2 : Dans l’ouvrage apocryphe juif Jubilés, antérieur au 1er siècle ap. J.C., attesté à Qumrân, on apprend que le patriarche Jacob est chargé de la transmission des révélations dont bénéficie son père Abraham ; un moment, il se couche sur la poitrine d’Abraham et s’y endort ; quand il s’éveille, celui-ci est mort (Jub, xxii, 23 – xxiii, 4). Jacob est donc l’héritier. Si cette tradition se trouve en arrière-fond de celle du Disciple bien-aimé de Jean 13, cela signifie que ce disciple est l’héritier de Jésus. Cela serait confirmé dans la suite du récit quand l’évangéliste le présente comme le fils de la mère de Jésus à la mort de celui-ci.

N.B. 3 : On comprend qu’il a été facile à certains d’attribuer au disciple bien-aimé une position d’épouse… La figure de Marie-Madeleine n’est pas loin…

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