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Biblissimo

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Vous trouverez ici des documents visant à une meilleure connaissance de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Ils représentent le fruit de recherches personnelles. Je les mets à votre disposition en vous demandant de respecter les droits d'auteur. Bon travail!


Jésus annonce un pardon donné sans condition pour notre libération

Publié par Biblissimo sur 20 Février 2012, 11:21am

Catégories : #Evangile du dimanche

Évangile du Dimanche 19 février 2012 (7ème du T.O. année B)
Mc 2, 1-12


1 Comme Jésus était entré de nouveau à Capharnaüm, après quelque temps on apprit qu'il était à la maison. Et beaucoup se rassemblèrent, en sorte qu'il n'y avait plus de place, même devant la porte, et il leur annonçait la Parole.
3 On vient lui apporter un paralytique, soulevé par quatre hommes. Et comme ils ne pouvaient pas le lui présenter à cause de la foule, ils découvrirent la terrasse au-dessus de l'endroit où il se trouvait et, ayant creusé un trou, ils font descendre le grabat où gisait le paralytique.
5 Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Enfant, tes péchés sont remis. »
6 Or, il y avait là, dans l'assistance, quelques scribes qui pensaient dans leurs cœurs : « Comment celui-là parle-t-il ainsi? Il blasphème ! Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? »
Et aussitôt, percevant par son esprit qu'ils pensaient ainsi en eux-mêmes, Jésus leur dit : « Pourquoi de telles pensées dans vos cœurs ? Quel est le plus facile, de dire au paralytique : Tes péchés sont remis, ou de dire : Lève-toi, prends ton grabat et marche ? Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre, je te l’ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton grabat et va-t-en chez toi. »
Il se leva et aussitôt, prenant son grabat, il sortit devant tous, de sorte que tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant : « Jamais nous n'avons rien vu de pareil. »



Nous sommes encore au début de l’Évangile de Marc et le récit qui nous est proposé à la méditation est la suite de celui que nous avons entendu la semaine dernière.
Il s’agit d’un miracle. Un de plus, dirons-nous. Car nous en lirons beaucoup d’autres par la suite. De fait, même si l’évangéliste a sans doute exagéré ce don, il est difficile de nier que l’activité de Jésus n’ait pas été marquée par un don extraordinaire de guérison.
Comme à chaque récit de miracle, nous nous demandons ce qu’il peut nous enseigner de particulier.
Quatre points méritent d’être soulignés.

Rechercher le pardon avec le même zèle que la guérison d'une tétraplégie
Tout d’abord l’évangéliste a particulièrement bien formulé la volonté des amis du paralytique – sans doute tétraplégique – de l’approcher le plus possible de Jésus, en atteignant la terrasse par l’escalier extérieur. Il n’est pas difficile de nous imaginer en effet le travail et la gêne énormes occasionnés par le simple fait de démonter la terrasse d’une maison de ce temps-là : que la terrasse soit constituée de gros blocs de basalte taillés dans la masse et juxtaposés grâce à des solives ou qu’elle soit formée de sable disposé soigneusement par-dessus des poutres et compressé par le moyen d’un de ces cylindres de basalte que le P. Corvo, le célèbre archéologue de Capharnaüm a trouvés sur place, la trouer pour y faire passer un homme déposé sur une civière représente un travail – et un préjudice pour le propriétaire – énorme ! Pensons aux gravats tombant directement sur la tête des gens rassemblés à l’intérieur de la maison…
Quelle que soit l’historicité d’un tel procédé, pour le moins étonnant, le récit exprime forte-ment comment les amis du paralytique étaient prêts à tout pour obtenir gain de cause. Face à cela, nous nous demandons si nous nous approchons du Christ avec un sentiment de besoin par rapport à lui au moins équivalent…

Pardon et guérison : une problématique biblique...
Deuxièmement, nous avons à établir de la manière la plus précise possible le lien entre la paralysie et le pardon des péchés.
Nous nous rappelons pour cela que les Écritures que lisaient les Juifs du temps de Jésus établissaient un lien étroit entre toute forme de maladie et le péché : le mal, les accidents étaient considérés comme punitions de péchés. Si l’homme est paralysé, c’est que lui ou ses parents ont été punis pour leurs péchés. C’était clair et net.
Du coup, on comprend mieux pourquoi il est pédagogiquement nécessaire pour Jésus de déclarer le pardon des péchés de l’homme avant de le guérir ; plus précisément, la guérison complète du tétraplégique sera comprise comme l’effet d’un pardon complet reçu préalablement. Si l’homme trouve l’usage de ses jambes, ce sera ainsi la preuve que le paralytique aura été bel et bien pardonné… Car, reconnaissons-le, le pardon étant la restauration d’une communion spirituelle avec Dieu, il n’y a pas de signe extérieur prouvant que quelqu’un a été pardonné… sauf précisément la disparition de toute trace de punition.
Si cela est vrai, on comprend l’importance de ce récit au début de l’évangile de Marc : il nous dit tout simplement, de manière programmatique, que les miracles de guérison que Jésus accomplira ne seront pas recherchés pour eux-mêmes mais comme signes d’une mission bien plus fondamentale et importante : celle d’apporter le pardon des péchés.
Ce pouvoir est ici attribué au Fils de l’homme : « pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre… » Le « pouvoir », en grec exousia, est ici plutôt à comprendre au sens d’ "autorité", de compétence officielle assurant un effet approprié.

Qui est ce Jésus de Nazareth?
Troisièmement, nous nous arrêtons sur la réaction des participants.
L’évangéliste ne parle ici que de deux des trois auditoires habituels de Jésus : la foule, toujours prête à l’enthousiasme, et les scribes, souvent d’obédience pharisienne, d’une prudence et d’une circonspection extrêmes. Le troisième auditoire, le groupe des disciples, n’est pas loin, on s’en doute.
Les participants sont unanimes : « Tous étaient stupéfaits et glorifiaient Dieu en disant : "Jamais nous n’avons rien vu de pareil." » Ils ne sont pas en mesure de définir davantage la personnalité de Jésus et l’évangéliste se garde bien, à cette étape de son récit, d’anticiper sur une formulation plus précise, qui ne sera possible que beaucoup plus tard. Les récits juifs plus au moins contemporains ne se privent pas de souligner la capacité étonnante qu’avaient des rabbins célèbres et pieux de guérir ou de changer le cours des lois naturelles, comme par exemple, de faire tomber la pluie. En dehors du monde juif, tous connaissaient les histoires liées aux sanctuaires païens dédiés aux divinités de la santé, Esculape célèbre parmi tous, qui aura son sanctuaire tout contre le Temple de Jérusalem, dans l’enceinte de la piscine de Bethesda, dès le milieu du 1er siècle de l’ère chrétienne…
« Jamais nous n’avons rien vu de pareil ! » : les lecteurs familiers de Marc savent qu’une telle formule revêt une portée immense. Car l’évangéliste cherche constamment plus à suggérer qu’à proclamer. Il met le lecteur dans la même situation que les contemporains de Jésus, celle de s’interroger sur Jésus à partir de son activité et d’éviter des réponses toutes faites. Et en affirmant que le Fils de l’homme a reçu l’autorité de déclarer pardonnés les hommes, l’évangéliste à la fois cache et dévoile un aspect important de la mission de Jésus. Il n’écrit pas : « pour que vous sachiez que J’AI le pouvoir de pardonner », les auditeurs devant alors comprendre que cet homme Jésus de Nazareth en avait la mission. Il parle d’un Fils de l’homme, personnage de type eschatologique qui pourrait ne pas être Jésus et pourtant à qui celui-ci s’identifie… Avec Marc, nous sommes toujours poussés à nous situer sur le seuil d’une christologie d’une grande envergure mais toujours cachée derrière des gestes ou des mots.

L'homme est pardonné sans avoir fait aucun acte de repentance...
Le quatrième point concerne précisément cette question du pardon.
Que les Juifs croient que Dieu les pardonne, cela ne fait aucun doute. Mais il y avait des conditions. Celle d’offrir un sacrifice, d’abord. Puis celle de vivre selon la Torah. Un tétraplégique, du fait de son handicap grave, avait peu de chances de se rendre au Temple pour offrir le sacrifice de pardon des péchés ; et il ne pouvait pratiquer qu’un nombre restreint de préceptes de la Loi et de coutumes… Il pouvait sans doute compter sur la miséricorde de Dieu, mais dans un état de perpétuelle insatisfaction.
Ce que cette page dit de manière implicite marque fortement l’historien : d’après Jésus, le paralytique est par-donné sans avoir fait ou n’avoir à faire aucun acte de repentance…
Par pitié, ne nous lançons pas trop vite ici dans des considérations théologiques concernant la manière dont ce pardon lui a été accordé, en particulier en recourant aux mérites à venir du Christ lors de sa Passion et de sa Croix. Gardons au récit de Marc sa sobriété, ici comme dans la suite : l’homme est pardonné par la médiation directe de Jésus Fils de l’homme – peu importe pour l’instant par quels mérites – et sans avoir de son côté aucune œuvre de justification à accomplir. Quelle révolution ! Si cela ne nous touche pas, c’est que sans doute que nous nous sommes habitués – malheureusement – à une théologie du pardon basée sur une « logique des mérites »… Nous avons évacué - involontairement sans doute – la gratuité de la décision souveraine de Dieu au profit d’une sorte de nécessité commerciale.
Nous avons essayé de rendre compte du récit de Marc. Il ne faudrait pas en conclure que le pardon de Dieu nous serait accordé par une simple décision divine sans aucune disposition de notre part. Le récit a une forme programmatique et schématique. Il nous faut le compléter par d'autres textes tirés de l'ensemble de l’Écriture...

Pour conclure l'homélie...
En guise de conclusion, notons simplement deux points pratiques :
1/ le rapprochement entre la forme de la maladie – la paralysie – et notre propre vie ; n’ayons pas peur de reconnaître les paralysies qui nous bloquent dans l’ordre de l’amour, de la vie de prière, dans la prise de décisions importantes.
2/ le rôle décisif des proches du paralytique, médiateurs indispensables de sa guérison ; et accueillons à notre tour, si nous pensons ne pas le faire suffisamment, cette mission d’intercession à l’égard de personnes connues, proches, ou inconnues, lointaines.

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P
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour cette très intéressante étude. Existe-t-il, sur le web, des récits de cette époque sur les miracles fait par les rabbins, récits dont vous parlez à "Qui est ce Jésus de Nazareth" ?
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