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Biblissimo

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Vous trouverez ici des documents visant à une meilleure connaissance de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Ils représentent le fruit de recherches personnelles. Je les mets à votre disposition en vous demandant de respecter les droits d'auteur. Bon travail!


Quand la Bible parle de vêtement - Dossier

Publié par Biblissimo sur 27 Janvier 2023, 08:30am

Catégories : #Bible, #Vêtement, #Nudité, #Voile des femmes, #Tunique, #Apocalypse

Quand la Bible parle de vêtement…

On s’habille pour trois raisons principales : dissimuler le corps ; protéger du froid ou des agressions ; signifier. Certains vêtements nous sont imposés par la fonction (l’uniforme) ou par le type de travail à effectuer (la salopette, le tablier, la combinaison protectrice, l’équipement de combat). Si, la plupart du temps, se vêtir ou se dévêtir n’exige pas une attention particulière, il arrive que cela corresponde à une décision significative, de notre part ou de la part d’une tierce personne.

1. Un vêtement pour se protéger

Pour le sage décrivant les éléments fondamentaux de ce qui fait l’existence de l’être humain dans la sagesse de Dieu (Gn 2-3), après avoir formulé la nécessité du travail destiné à la nourriture et de la relation sociale, le vêtement ne peut être considéré comme « originel ». On peut le comprendre ainsi : dans un cadre naturel ne comportant ni agresseur potentiel (il n’y a ni froid ni moustique) ni hiérarchisation sociale, point n’est besoin de vêtement. On l’invente quand la relation à l’Autre oblige de placer un écran entre le corps nu et le prochain devenu ennemi potentiel (Gn 3,7). On se dépouille du vêtement entre époux, en accord avec le projet divin associant amour respectueux et transmission de la vie.

La tradition biblique donne au vêtement une importance telle que le droit enjoint au maître ayant disposé du manteau d’un homme « d’humble condition » de le lui rendre avant le coucher du soleil : il s’en enroulera pour la nuit, lui tenant lieu de maison (ou de tente). Si jamais le maître hésitait, qu’il se rappelle comment Dieu se fait garant des pauvres : « Si tu prends en gage le manteau de quelqu'un, tu le lui rendras au coucher du soleil. C'est sa seule couverture, c'est le manteau dont il enveloppe son corps, dans quoi se couchera-t-il ? S'il crie vers moi, je l'écouterai, car je suis compatissant » (Ex 22,25-26).

Vêtir le nouveau-né prolonge sa toilette, geste éminemment maternel : Luc a la délicatesse de le noter comme signe de reconnaissance pour les bergers (Lc 2,7.12). Offrir un manteau à qui en est dépourvu est un de ces gestes à dimension quasi sacramentelle quand il est fait au nom de ce « Dieu [qui] fait droit à l'orphelin et à la veuve, et [qui] aime l'étranger, auquel il donne pain et vêtement » (Dt 10,18) ou du Christ-Roi s’identifiant aux plus petits de ses frères nus (Mt 25,36-38.44). Dieu lui-même s’était empressé d’habiller Adam et Ève (Gn 3,21), puis, selon le remarquable récit imagé, la jeune fille Israël (Ez 16,8-13).

Quant au savoir-faire, on note que le tissage est souvent affaire de femme, voire de maîtresse de maison, chargée de veiller à ce que tous soient convenablement vêtus (cf. Prov 31,13.21.24-25).

2. Un vêtement pour signifier

Que le souverain doive se vêtir de façon luxueuse, ou le grand-prêtre porter la robe de lin et l’éphod (Ex 39), ou la prostituée un voile caractéristique, ou l’endeuillé un manteau déchiré, cela fait partie de la vie sociale des peuples de la Bible. Le vêtement dit la fonction, suggère une attitude, prépare la rencontre, invite à la joie des noces ou à la tristesse du deuil. L’ouvrier se vêtira de laine écrue (Prov 27,26) quand le magistrat impérial revêtira le vêtement de pourpre et le couvre-chef parsemé de gemmes (Is 3,17-23). De manière significative, la tunique du haut-fonctionnaire Shebna destitué est posée sur les épaules de son remplaçant Élyaqîm (Is 22,20-21).

L’histoire de Joseph et de ses frères (Gn 37) prend son départ à propos d’une « tunique ornée » que le vieux Jacob offrit à son plus jeune fils, le préféré. Une fois établi grand vizir, Joseph retrouve une parure d’honneur : « Pharaon ôta son anneau et le mit à la main de Joseph, il le revêtit d'habits de lin fin et lui passa au cou le collier d'or » (Gn 41,42). Le fils aîné de la parabole aurait pu s’en souvenir quand, rentrant des champs, il apprit le retour de son frère cadet et son rétablissement au sein de la famille, revêtu de la robe de fête et l’anneau au doigt (Lc 15,22).

Recevoir le privilège d’une apparition divine ou angélique suppose d’être habillé de vêtements dignes, surtout quand on est appelé au souverain sacerdoce comme Josué (Za 3,3-5)

Le geste de mettre un voile sur la tête a certainement pour but principal de la protéger des éléments naturels ; il peut aussi voiler une chevelure extravagante. Dans le contexte culturel des communautés pauliniennes (voir 1 Co 11,2-16) — et dans maints débats contemporains — le voile reçoit une valeur symbolique forte, l’extrayant ainsi du registre vestimentaire…

3. Un vêtement pour s’en dévêtir

Enlever un vêtement ou le réduire au minimum est parfois plus éloquent que s’habiller. Cela est évident quand il s’agit d’humilier un être humain en dévoilant sa nudité :  ainsi Noé ivre (Gn 9,20-27), ou les émissaires humiliés de David (2 Sm 10,4), ou encore l’Israël infidèle, Dieu l’exposant sans défense à ses ennemis, Ez 16,35-42).

D’autres passages bibliques ne vont pas jusqu’à cette extrémité. Ainsi, lorsqu’ils sortent du sanctuaire et se joignent aux fidèles, les prêtres doivent se dévêtir de leurs vêtements liturgiques, tissés de lin (et non de laine), car ils sont sacrés (Ez 42,14 ; 44,17-19).

Élie lègue son manteau à son disciple privilégié Élisée, l’établissant héritier de son charisme (2 R 2,8-15). Plus tard, c’est vêtu seulement d’un vêtement de poils de chameau et d’un pagne de peau, que Jean, lui aussi aux abords du Jourdain, annoncera l’avènement du Jour du Seigneur (Mt 3,4 ; voir Za 13,14). Dans la même ligne, les disciples du Christ doivent témoigner de ce Royaume vêtus sobrement (Mt 10,10).

Au début de l’ultime repas qu’il partage avec ses disciples, Jésus prend une initiative d’une incomparable importance, à la mesure de l’abaissement qu’elle manifeste, celle du serviteur accueillant les hôtes au seuil de la maison du Père. En précisant que Jésus « dépose » ses vêtements — sans doute tous ses vêtements — avant de se ceindre d’un linge, l’évangéliste suggère que le « Maître et Seigneur » met symboliquement en œuvre le don total de soi, librement, anticipant l’humiliation qui lui sera imposée une fois crucifié (cf. 19,23-24). Jésus connut ainsi l’humiliation du dépouillement total, accomplissant de façon dramatique la sage remarque de Job : « Nu je suis sorti du sein de ma mère ; nu j’y retournerai » (Jb 1,21).

Jésus portait un khitôn ; on ne sait si le terme désigne ici le vêtement porté à même le corps ou la tunique qui enveloppe les autres ; le fait est qu’il n’a pas été « divisé », comme le filet rempli de gros poissons ne sera pas « divisé » (Jn 21,11). L’œuvre de rassemblement confiée au Christ se réalisera à coup sûr.

4. À côté des vêtements, les accessoires

Ajoutons à notre dossier ces objets qui sont davantage que des accessoires du vêtement : chaussures, ceinture et parures, à la taille, au poignet, au cou, aux épaules, sur la tête… Le grand-prêtre n’officie pas sans sa coiffe (Ex 28, 4) ; le berger se protège du soleil avec un chapeau de paille. Dieu couvrit de bijoux la jeune fille Israël au sortir de sa servitude (Ez 16,10-14), en attente de la nouvelle Jérusalem, semblable à une épouse royale au jour des noces (Is 52,1 ; Ap 19,7-8 ; 21,9-27).

5. « Revêtir le Christ »

Endosser l’équipement du soldat

Parmi les accessoires, il y a l’équipement du soldat : casque, cuirasse, chaussures, armes. Selon saint Paul, cela concerne éminemment le baptisé, car celui-ci doit lutter non « contre des adversaires de sang et de chair » mais « contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes ». Le chrétien doit donc revêtir « les armes de lumière » (Rm 13,12), « endosser la panoplie de Dieu », qui sont « la Vérité, la Justice, le Zèle à propager l’Évangile de la paix » (Ep 6,11-17 ; cf. Is 59,17 ; Jr 46,4 ; 1 Th 5,8).

Revêtir la robe des bienheureux

Un vêtement de lin blanc habille les saints, les bienheureux qui animent l’extraordinaire liturgie de l’Apocalypse de Jean : leurs robes ont été lavées dans le sang de l’Agneau (7,9-15 ; cf. 3,4-5). Selon 19,8, ce vêtement a été tissé jour après jour par leurs « bonnes œuvres », qui sont des « actes de justice ». Ils sont entrés dans la compagnie des Anges, aux « robes de lin pur, éblouissantes » (15,5) et forment le Corps mystique de l’Agneau.

Cette Ville-Épouse vêtue « de lin d’une blancheur éclatante » (19,6), bâtie des matériaux les plus précieux, ornée de mille gemmes, est l’accomplissement eschatologique de l’espérance en la restauration définitive de la Jérusalem humiliée : « Éveille-toi, éveille-toi, revêts ta force, Sion ! revêts tes habits les plus magnifiques, Jérusalem, ville sainte, car ils ne viendront plus jamais chez toi, l'incirconcis et l'impur » (Is 52,1). L’oracle fait écho à un appel pressant adressé au Dieu d’Israël : « Éveille-toi, éveille-toi ! Revêts-toi de force, bras de Yhwh. Éveille-toi comme aux jours d'autrefois, des générations de jadis. N'est-ce pas toi qui as fendu Rahab, transpercé le Dragon ? » (51,9). De quelle parure sera-t-elle ornée ? Des nations ennemies désormais vaincues (Is 49,17-18). Elle peut exulter en son Dieu « car il [l’]a revêtue de vêtements de salut, il [l’]a drapée dans un manteau de justice, comme l’époux qui se coiffe d’un diadème, comme la fiancée qui se pare de ses bijoux » (Is 61,10).

« Vous avez revêtu le Christ »

Selon l’apôtre Paul, plus qu’un équipement de combat, il s’agit de revêtir le Christ : « Vous tous, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3,27). La superficialité de l’image disparaît une fois placée dans la culture biblique exposée plus haut et surtout dès que l’on prend connaissance de ce que Paul entend par elle : « Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, se renouvelant à l'image de son Créateur… Revêtez des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience ; supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement... Et, par-dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection » (Col 3,9-10.12-14 ; Ep 4,22-24).

En conclusion de l’exposé sur le statut du corps glorieux, Paul s’exclame : « Quand cet être corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s'accomplira la parole : La mort a été engloutie dans la victoire » (1 Co 15,53-54).

C’en est alors fini des châtiments qui endeuillent le roi et « revêtent le prince de honte » (Ez 7,27) et « d’effroi » (Ez 26,16). On ne se couvre plus de sac par pénitence, comme les hommes de Ninive à la prédication de Jonas (Jon 3,5).

Conclusion

« L'habit d'un homme, son rire, sa démarche révèlent ce qu'il est », écrit le sage (Si 19,30).

Un vêtement de lin blanc, lavé dans le sang de l’Agneau, habille les bienheureux qui animent l’extraordinaire liturgie de l’Apocalypse de Jean (7,9-15 ; cf. 3,4-5). Selon 19,8, ce vêtement a été tissé jour après jour par leurs « bonnes œuvres », les « actes de justice ». Entrés dans la compagnie des Anges, aux « robes de lin pur, éblouissantes » (15,5) ils forment le Corps mystique de l’Agneau, Épouse vêtue « de lin d’une blancheur éclatante » (19,6). On se surprend alors à rêver d’une Liturgie pascale où tous les fidèles, revêtus d’une aube, chanteraient la Victoire de l’Agneau…

Celui qui veut recevoir ce vêtement de gloire et « ne pas marcher nu » au jour du Jugement, doit veiller à suivre l’Agneau (Ap 16,15) et écouter l’avertissement de Paul : « Conduisons-nous avec dignité : point de ripailles ni d’orgies, pas de luxure ni de débauche, pas de querelles ni de jalousies. Revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ… » (Rm 13,13-14).

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