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Biblissimo

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Vous trouverez ici des documents visant à une meilleure connaissance de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Ils représentent le fruit de recherches personnelles. Je les mets à votre disposition en vous demandant de respecter les droits d'auteur. Bon travail!


Prêcher, guérir, prier, sortir: 5ème dimanche du T.O. -B.

Publié par Biblissimo sur 4 Février 2012, 19:25pm

Catégories : #Evangile du dimanche

5ème dimanche du T.O. - Année B.

Entrer, prier, sortir avec Jésus

 (Mc 2, 29-39)

 

Sortant de la synagogue, Jésus vint dans la maison de Simon et d'André, avec Jacques et Jean. Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. S'approchant, il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques, et la ville entière était rassemblée devant la porte. Et il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux, et il chassa beaucoup de démons. Et il ne laissait pas parler les démons, parce qu'ils savaient qui il était. Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et s'en alla dans un lieu désert, et là il priait. Simon et ses compagnons le poursuivirent et, l'ayant trouvé, ils lui disent : « Tous te cherchent. » Il leur dit : « Al-lons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j'y prêche aussi, car c'est pour cela que je suis sorti. » Et il s'en alla à travers toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons.

 

La page d'évangile de ce dimanche appartient encore au tout début du ministère de Jésus selon le récit de Marc. Plus précisément, il fait parti du récit d’une « journée type », un récit qui commence au v. 21 et se termine avec la dernière phrase de notre texte.

La première activité de Jésus, selon cette journée type, est de prêcher et, quand l’occasion se présente, à la synagogue, et, mieux encore, le jour du sabbat. Nous avons lu le passage correspondant dimanche dernier. Nous y avons noté la rapidité avec laquelle les mauvais esprits se manifestaient, la réaction vive de Jésus à leur égard et surtout l’enthousiasme pleine de surprise des auditeurs et spectateurs.

 

L’activité suivante, celle que nous lisons aujourd'hui, consiste pour Jésus à choisir la famille chez qui il logera habituellement. La tradition rapporte que c’est chez Simon, plus précisément chez la belle-mère de celui-ci. L’occasion en fut la guérison d’une – banale – fièvre. Il n’en faut pas plus pour masser les malades et les démoniaques de la ville à la porte ; Jésus ne refuse pas de les guérir.

 

Dernière activité, mais non la moindre : la prière nocturne et solitaire, une prière à laquelle, au petit matin, ses compagnons doivent l’arracher pour le ramener à la ville où les foules l’attendent déjà.

 

Il est facile alors de résumer ce qu’est le rythme de vie du Christ : enseigner, guérir, prier. Toute vie chrétienne doit s’en inspirer, à fortiori celle d’un ouvrier de l’Évangile. On est évidemment marqué par l’indication selon laquelle Jésus passait une bonne partie de la nuit à prier. Il y aurait beaucoup à dire sur la place de cette prière dans la vie du Fils de Dieu.

 

Plusieurs éléments de ce récit peuvent attirer notre attention. D’abord l’expression sur laquelle se termine la courte notice de la guérison de la belle-mère de Simon : « Elle les servait ». Cela peut paraître anodin et une conséquence logique, geste de reconnaissance en même temps qu’activité normale pour une femme, qu’elle soit en situation de maîtresse ou simple membre de la maisonnée. Mais il se trouve que le service a été élevé par Jésus au rang d’une activité hautement évangélique : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir… » (10, 45). L’évangéliste, au moment le plus dramatique de son récit, fera l’éloge de la fidélité et de l’audace de ces femmes qui, ayant suivi et servi Jésus en Galilée, lui sont restées fidèles jusqu’à la croix (15,41). Dès le début de son récit, Marc tient à le mentionner. Celui qui a des yeux pour (bien) lire, qu’il retienne la consigne !

 

Une autre expression, plus exactement une double expression, doit retenir l’attention : à la fin du récit, Simon interpelle le Maître en lui faisant remarquer que tous le « cherchent ». Et à cela Jésus répond en élargissant son rayon d’action aux villages d’alentour et il explique sa décision: « parce que c’est pour cela que je suis sorti ». Chercher et sortir sont deux verbes fortement chargés de sens dans le contexte évangélique. En effet, le Juif fidèle est celui qui cherche le visage de son Seigneur ; il le fait en scrutant la Torah, le verbe scruter étant le même que chercher, formé sur la racine darash, qui a donné son nom au célèbre recueil de la tradition rabbinique Midrash. Le lecteur juif est donc invité à se joindre à la foule de ceux qui vont orienter leur recherche de Dieu en prenant Jésus comme point focal.

 

Quant à Jésus, il est dit qu’il doit sortir pour prêcher. Nous l’apprenons de sa bouche, ce qui est, comme chaque fois, l’occasion de saisir au vol, de prendre au vif, quelque élément de son cœur. Tout au long du récit de Marc, Jésus n’arrêtera pas de sortir, que ce soit d’une ville, d’une maison ou d’une barque. Il ne tient pas en place ! Il entre et il sort, ne restant jamais au même endroit plus que quelques heures. Le petit livre que Christian Bobin lui a consacré, «L’homme qui marche», a admirablement décrit ce trait caractéristique de Jésus. Il affirme tout simplement que le moment est venu pour lui de sortir de Capharnaüm, comme, au v. 21, il y est entré, lui et ses compagnons. Il entre en ville, y passe une journée remplie, y dort, puis en sort pour se diriger vers un autre lieu où il prolongera sa mission. Logique. Son cœur est brûlé par son zèle missionnaire ; il jette rapidement la parole, la confirme par les miracles et sort aussitôt (le mot aussitôt se trouve 43 fois dans l’évangile de Marc : on y est pressé !) ensemencer un autre terrain. La banalité de la réponse oriente cependant vers une autre forme de « sortie » de Jésus : il ne sort pas seulement de Capharnaüm, car il vient de plus loin. De la même manière qu’il quittera ce monde sous la forme d’un «enlèvement» (Mc 2, 20). Sans en avoir l’air, Marc sait orienter le regard de son lecteur au-delà de l’apparence humaine de son héros.

 

On ne peut pas fermer cette page de l’Évangile sans donner une explication au fait surprenant que Jésus refuse de laisser parler les esprits mauvais. Sans nous aventurer dans des considérations hasardeuses sur l’identité de ces mauvais esprits, mentionnons l’explication qui semble le mieux correspondre à ce qu’on a l’habitude d’appeler le «secret messianique» appliqué au cas des «révélations» provenant des démons. De fait, il nous semblerait plutôt efficace, en bonne politique de communication, de laisser parler les opposants, surtout quand ils ont particulièrement raison, et que, s’ils parlent, c’est comme malgré eux et en sens contraire de leur intérêt : « Tu es le Saint, le Saint de Dieu ! » Avouons qu’ils n’ont pas intérêt à ce que les foules le sachent ! Confesser la Sainteté du Christ, ou en 5, 7, le fait qu’il soit « Fils du Très-Haut » est visiblement plus fort qu’eux ! Pourquoi donc Jésus ne surfe-t-il pas sur un témoignage d’une telle crédibilité ? Quand ton rival publie et vante tes qualités, pourquoi ne pas en profiter et affermir ta réputation ? Parmi les différentes explications avancées, la plus intéressante est sans doute la suivante. Les déclarations des démons et des esprits impurs, tout comme l’extraordinaire manifestation du Christ lumineux sur la montagne (réservée à trois disciples), ne sont en fait pas les meilleurs moyens pour l’homme d’accéder à une foi authentique, car, en délivrant immédiatement un savoir, d’une part elles relèvent du registre notionnel et d’autre part elles court-circuitent la double médiation de la démarche personnelle et des témoins.

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P
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre très intéressante étude.<br /> <br /> J'ai deux remarques.<br /> <br /> D'abord, il me semble qu'il y a une erreur dans la référence : ce n'est pas Marc 2 29 39, mais Marc UN 29 39 à vérifier mais c'est mon avis.<br /> <br /> Ensuite, peut être pondérer la notion d'enseignement de Jésus. Vous dites dans le titre "Prêcher, guérir, etc", mais dans votre texte cela devient "Enseigner, guérir, etc".<br /> <br /> Prêcher n'est pas complètement équivalent à enseigner. Dans prêcher il y a une notion d'enseignement à un public, avec en plus l'annonce, la publication. Mais l'enseignement se fait à une classe.<br /> Le prêcheur espère que la foule révisera et approuvera son enseignement, tandis que l'enseignant espère que sa classe apprendra ce qu'il dit.<br /> <br /> On en raconte souvent des tartines sur l'enseignement de Jésus, l'assimilant à un philosophe grec ou à un sage indien, mais je pense que c'est une fausse piste.<br /> <br /> Un prêcheur, oui, qui sème des graines et s'en va semer ailleurs, oui. Mais un type qui parle et travaille pour que tout le monde comprenne, non. Son enseignement est incomplet. Et Marc souligne<br /> qu'il n'est quasiment jamais compris ; et son évangile est presque construit sur cet aspect.<br /> <br /> Mais bien sûr peut être y a-t-il d'autres opinions ?<br /> <br /> Encore merci pour votre blog.<br /> <br /> Cordialement.
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B
<br /> <br /> Je corrige immédiatement l'erreur dans la référence! Merci!<br /> <br /> <br /> Le verbe didaskein = enseigner revient 17 fois en Mc. Le verbe keryssein = prêcher revient 15 fois. Je pense que c'est important de noter la différence de forme de communication entre les deux,<br /> comme vous le dites. Je suis bien d'accord avec vous. Y compris quand vous attirez l'attention sur le fait que Jésus ne se présente pas comme un professeur distribuant un savoir bien construit et<br /> ayant réponse à tout.<br /> <br /> <br /> Jésus enseignait de manière habituelle, mais à la manière des rabbins et de manière occasionnelle, c'est-à-dire sur le vif, en réponse à une situation pratique ou à une discussion sur les<br /> traditions (voir la section 12,13-37). Je suis particulièrement très étonné par la pertinence de la critique qu'il fait de l'incohérence de la pratique des pharisiens au ch. 7: derrière les<br /> remarques apparemment banales qu'il leur adresse puis aux foules puis aux disciples, il y a une "anthropologie" (pardon pour le terme un peu fort) d'une grande sagesse.<br /> <br /> <br /> Merci de votre contribution!<br /> <br /> <br /> <br />

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