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Biblissimo

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Vous trouverez ici des documents visant à une meilleure connaissance de la Bible, Ancien et Nouveau Testaments. Ils représentent le fruit de recherches personnelles. Je les mets à votre disposition en vous demandant de respecter les droits d'auteur. Bon travail!


La guérison des dix lépreux et du Samaritain

Publié par Biblissimo sur 9 Octobre 2016, 08:30am

Catégories : #Synoptiques & Actes des Apôtres, #Miracles de Jésus, #Samaritain, #Salut

La guérison des dix lépreux et du Samaritain

Notes d'exégèse sur le récit de la guérison des dix lépreux et du Samaritain en Lc 17,11-19

Traduction littérale, basée sur la BJ3:

11 Et il advint, comme il faisait route vers Jérusalem, et il passa au milieu/aux confins de la Samarie et de la Galilée 12 et, à son entrée dans un village, dix hommes (andres) lépreux vinrent à lui qui s'arrêtèrent à distance ; 13 et ils levèrent la voix disant : « Jésus, Maître (epistata), aie pitié de nous ! » 14 Et, ayant vu, il leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » Et il advint, comme ils partaient, qu'ils furent purifiés (ekataristhèsan). 15 Or l’un d'eux, voyant qu'il fut guéri (iathè), revint en glorifiant Dieu à grande voix et tomba sur la face aux pieds de Jésus en le remerciant. Et il était Samaritain. 17 Prenant la parole, Jésus dit : « Les dix n'ont-ils pas été purifiés ? Les neuf, où [sont-ils] ? 18 Il ne s'est trouvé, pour revenir donner gloire à Dieu, que cet étranger ! » 19 Et il lui dit : « Relève-toi, va ; ta foi t'a sauvé. »

Notes exégétiques

1. Analyse de critique des formes

Fitzmyer[1] accorde un commentaire soutenu de cet épisode, notamment pour en critique des formes. Peu de recours à l’interprétation du rapport avec l’annonce dans la synagogue de Nazareth et, du coup, en fonction de l’arrière-fond de 2 R5.

Bovon[2] préfère mettre l’accent sur le rôle et l’attitude du Samaritain que sur celui de Jésus. « Ni apophtegme, ni récit de miracle, le texte incite à l’imitation en prononçant l’éloge du Samaritain. » Il rappelle la conclusion de Nolland : « The narrative defies standard form-critical classification. » Et celle de W. Bruners[3] : « Un récit prophétique de contrefaçon [par rapport avec 2 R 5] avec surenchérissement de caractère. »

H. Klein attribue tout le récit au Bien propre de Lc retravaillant un texte antérieur.

Bovon : le Bien propre aurait repris une tradition orale sans mention ni de Samarie ni d’un lépreux samaritain, mais avec plusieurs lépreux « élevant la voix » pour s’adresser à Jésus avec les mots des psaumes : « eleèson hèmas… eucharistôn », ainsi que le retour d’un seul des lépreux, Jésus, appelé auparavant du titre epistatès, manifestant sa surprise devant les réactions divergentes des lépreux guéris (p. 133).

2. La composition de l’épisode

Deux parties selon deux étapes narratives successives (v. 12-14 et v. 15-18) encadrées par deux phrases lucaniennes, l’une pour contextualiser le miracle à la fois géographiquement et dans le cadre du voyage de Jésus vers Jérusalem dont il ouvre la troisième phase (v. 11) et l’autre pour conclure par l’envoi du miraculé (v. 19), avec inclusion formée par la reprise du verbe poreuomai, dit de Jésus puis du lépreux.

D’où savent-ils que l’homme s’appelle Jésus ?

L’entourage de Jésus est mis en off ; il n’est présent que comme destinataire implicite de la réflexion de Jésus sur ce qui est advenu des dix lépreux une fois guéris (v. 18). Toute l’attention du lecteur est dans la tension entre l’ordre de partir consulter les prêtres (ce qui pourtant requiert un certain laps de temps, surtout si le chemin pour les rejoindre est long) et la reconnaissance envers Jésus le thaumaturge.

Ambiance caractéristique des psaumes de supplication du malheureux qui s’achève par l’action de grâce et la proclamation de la gloire divine.

3. Entre maladie honteuse et guérison

Jésus voit les lépreux ; le lépreux samaritain voit qu’il est guéri. Un regard qui en dit long sur sa disposition particulière puisque non seulement il constate la guérison en lui donnant l’importance qu’elle mérite mais il la relie à Jésus, médiateur qui mérite la gratitude. Il retourne (hypestrepsen) donc, « rendant grâce à Dieu à grande voix ». Voir 2, 20 ; 4, 15 (les foules glorifient Jésus) ; 5, 25-26 (l’homme guéri de sa paralysie) ; 7, 16 ; 13, 13 (la femme guérie de son flux de sang) ; 18, 43 (l’homme aveugle guéri de sa cécité) ; 23, 47 (le centurion témoin de la manière dont Jésus est mort).

On ne se demande pas comment il a été possible aux lépreux d’aller faire constater (epideiknumi) une guérison tout à fait improbable.

4. Entre guérison et salut

Les dix lépreux sont purifiés ; un seul est sauvé. Par le moyen de sa foi (et non par appartenance à la race d’Abraham). Cette foi est active, puisqu’elle se manifeste par l’action de grâces adressée à Jésus et le geste de tomber la face contre terre (comme le lépreux du ch. 5 ; moins fort que proskunein, seulement à l’égard du Ressuscité, 24, 52).

On note le décalage intentionnel entre Jésus comme destinataire de la gratitude du Samaritain et Dieu, destinataire de la glorification.

[1] The Gospel according to Luke. T. II: X-XXIV (The Anchor Bible, 28A), Doubleday, New York, 1985, p. 1148-1156.

[2] L’Évangile selon saint Luc (15,1-19,27), Commentaire du Nouveau Testament, IIIc, Labor et Fides, Genève, 2001, p. 129-140

[3] Bruners Wilhelm, Die Reinigung der zehn Aussätzigen und die Heilung des Samariters. Lk 17, 11-19. Ein Beitrag zur lukanischen Interpretation der Reinigung von Aussätzigen, Forschung zur Bibel n° 23, Verlag Katholisches Bibelwerk, Stuttgart, 1977. Pour Bruners, Luc a composé le récit de toutes pièces en s’inspirant de 2 R 5. Fitzmyer et Bovon renvoient souvent à cette étude.

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